Les "tendances" avant 20h avaient-elles vu juste sur l'élection présidentielle ?
Avant 20h, des fuites ont circulé quant au résultat possible de cette élection présidentielle. Mais plus besoin de chercher l'information par des biais détournés. Emmanuel Macron a remporté cette élection, et les chiffres officiels se précisent de minute en minute.
Les résultats de la présidentielle près de chez vous
[Mis à jour le 24 avril 2022 à 23h46] "One more time" des Daft Punk a retenti sur le Champs de Mars dès la minute de l'annonce de la victoire d'Emmanuel Macron. D'après les estimations Ipsos-Steria réalisées pour FranceInfo, Emmanuel Macron aurait remporté 58,8% des voix lors du deuxième tour. Le président-candidat assurera donc sa propre succession, avec quelques points de plus que ne l'estimaient les derniers sondages. Au fil de la soirée, les résultats se préciseront, à mesure que le dépouillement se poursuit.
Comment expliquer que les résultats ont été dévoilés à 20h, alors même que les bureaux de vote ferment juste leurs portes dans les grandes villes à cette heure ? Les médias français n'ont pas le droit de diffuser d'estimation ou de sondage concernant les résultats avant cette heure fatidique de 20h, afin de ne pas influencer les derniers électeurs à se rendre aux urnes. Toutefois, les sources étrangères, belges ou suisses, publient parfois avant cet horaire un premier résultat de l'élection présidentielle, n'étant pas soumises à la même réglementation. Au premier tour de l'élection présidentielle, quelques fuites ont été aperçues ça et là, et à une heure du verdict, à nouveau, les médias étrangers réitèrent l'opération. Toutefois, il faut prendre avec une grande prudence les résultats annoncés ça et là sur le net, en particulier avant 20h.
Comment éviter les estimations biaisées ?
En plus d'être partielles les informations qui fuitent avant 20 heures sur les résultats des scrutins ne sont ni vérifiées ni certifiées à la différence des résultats définitifs. Il faut donc avoir à l'esprit, en particulier pour les indications relayées sur les réseaux et dans des boucles partisanes de RadioLondres, que des militants peuvent être à l'origine des publications. Se fier à ces sources d'informations c'est risquer de prendre pour argent comptant des estimations erronées ou passées au filtre de la propagande militante. Limiter le risque est possible en accordant plus de crédit aux informations publiées par des comptes certifiés sur les réseaux sociaux qui - pour certains - refusent de publier des résultats aux sources douteuses. Le mieux est encore de préférer les estimations diffusées par les médias belges et suisses qui s'ils ne sont pas tenus par l'embargo doivent respecter la charte journalistique et l'exigence d'objectivité. Les tendances des résultats estimés et dits de "sortie des urnes" pourront être confirmés lors de la proclamation officielle des résultats mais pour connaître la répartition des suffrages avec certitude, il n'y a d'autres chose de patienter jusqu'à 20 heures.
La publication des résultats de l'élection présidentielle avant 20 heures est-elle autorisée ?
La règle est claire et stricte : toute publication ou indications sur les résultats de l'élection présidentielle avant 20 heures est interdite. Pourquoi 20 heures ? Simplement parce qu'il s'agit de l'heure à laquelle ferment les bureaux de vote dans les grandes villes et de fait l'heure à laquelle le scrutin est officiellement fini. Avant cela, les électeurs sont encore susceptibles d'aller voter et ils doivent pouvoir glisser un bulletin dans l'urne en toute conscience et sans être influencé par des pronostics ou des tendances. C'est d'ailleurs pour la même raison que de la fin de la campagne, le vendredi 22 avril à 23h59 jusqu'au dimanche à 20 heures aucun sondage n'est publié ou relayé dans les médias. Les conditions et les horaires de publications des résultats des scrutins, quels qu'ils soient, sont stipulés dans le code électoral, à l'article L52-2 : "Aucun résultat d'élection, partiel ou définitif, ne peut être communiqué au public par quelque moyen que ce soit, en métropole, avant la fermeture du dernier bureau de vote sur le territoire métropolitain. Il en est de même dans les départements d'outre-mer avant la fermeture du dernier bureau de vote dans chacun des départements concernés".
Est-il possible d'avoir les résultats de l'élection présidentielle avant 20 heures ?
Non. La publication des résultats de l'élection présidentielle est formellement interdite, des éléments sont données sur des sites étranger sur l'issue du scrutin ou les tendances, en l'occurrence connaître l'identité du candidat en tête entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. D'où qu'ils viennent ces résultats diffusés avant 20 heures dont avant la fin du dépouillement et parfois avant la fin du scrutin ne peuvent pas être considérés comme fiables, ils sont au mieux partiels. Les seuls résultats solides sur l'issue du scrutin sont ceux donnés à partir de 20 heures et encore il faut souvent attendre des heures tardives voire le lendemain d'une élection pour connaître les résultats finaux et définitifs.
Où et comment connaître les résultats de l'élection présidentielle ?
Les voix officielles des médias français ne communiqueront jamais les résultats avant 20 heures mais d'autres canaux d'informations s'affranchissent des règles et se livrent à la diffusion de tendances bien avant l'heure. Les réseaux sociaux fourmillent souvent d'indiscrétions lors des soirées électorales avec les phénomènes dits "RadioLondres". Pourtant lors du premier tour de l'élection présidentielle les messages codés et autres métaphores précédés ou suivis du #RadioLondres n'étaient pas nombreux et essentiellement relayés par des boucles de militants. Outre les réseaux, les médias étrangers francophones sont les voix privilégiées pour divulguer les résultats, les estimations ou du moins les tendances des scrutins en avant-première. Ces sources d'informations ne sont pas tenues pas la législation française et donc libre de publier des indications sur les scrutins avant la levée de l'embargo à 20 heures. La télévision, la radio et la presse belge et suisse sont coutumières de la publication précoce des premiers résultats électoraux et lors du premier tour de l'élection présidentielle c'est un florilège d'estimations qui a été diffusé tout au long de la journée électorale en particulier dans les médias belges.
La question est : comment les médias étrangers disposent des résultats avant le dépouillement des scrutins ? Dès le début d'après-midi de premières estimations sont diffusées par les médias des pays frontaliers qui se procurent parfois ces données directement auprès des instituts de sondage. La transmission des informations est un risque important que prennent les instituts qui encourent de lourdes sanctions si ils se font prendre par la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale. Reste à savoir si une nouvelle fois et malgré l'interdit les estimations dites de "sortie des urnes" iront jusqu'aux oreilles des médias des pays voisins.
Que disaient les résultats publiés avant 20 heures au premier tour de l'élection présidentielle ?
Avoir un œil sur les médias belges était le meilleur moyen d'avoir une idée des résultats du premier tour de l'élection présidentielle avant 20 heures. La RTBF et la Libre Belgique enchaînaient les publications d'estimations dès la fin de l'après-midi et jusqu'à la levée de l'embargo pour les médias français. 17h30, 18h, 19h.... Avec des intervalles de trente minutes à une heure maximum la Libre Belgique annonçait Emmanuel Macron et Marine Le Pen en tête avec un écart très serré. Des prédictions plutôt fidèles à la réalité jusqu'au point de bascule à 19h43 quand contre toute attente, le média a tweeté sur l'arrivée de la candidate du Rassemblement national en tête du second tour. Il a suffit de cinq minutes pour que le média plébiscite un nouveau sondage replaçant Emmanuel Macron en tête et venant contredire l'hypothèse d'un avantage accordé à Marine Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle.
Les résultats donnés avant 20 heures sont-ils fiables ?
Les résultats publiés avant 20 heures suivent généralement les tendances annoncées dans les derniers sondages avant la période de réserve. Ainsi, si elles avancent rarement les bons chiffres les premières estimations voient juste la plupart du temps sur l'ordre d'arrivée des candidats dans les suffrages et sur l'identité du vainqueur au second tour. Mais personne n'est à l'abri d'une erreur et en s'appuyant sur des sondages ou des dépouillements partiels le risque de se tromper existe bel et bien. La preuve en est : pendant un court instant Marine Le Pen a été donnée en tête du premier tour alors que les résultats définitifs du scrutin l'ont donnée deuxième avec quatre points de retard sur Emmanuel Macron. D'ailleurs, l'écart annoncé dans les résultats précoces relayés par les médias étrangers était moins important, autre preuve de la limite des estimations faites avant 20 heures.
Lors du premier tour, la remontada progressive de Jean-Luc Mélenchon dans les suffrages au fur et à mesure du dépouillement a aussi montré la fragilité des estimations et résultats partiels. Alors qu'à 20 heures, médias étrangers et français s'accordaient sur la qualification haut la main d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, la percée de l'Insoumis a rebattu les cartes et semé le doute sur l'issue du scrutin. En se plaçant à à peine plus d'un point de la candidate du Rassemblement national, 23,15% contre 21,95%, l'Insoumis était à deux doigts de faire mentir tous les pronostics. Toutefois, avec seulement deux candidats en course ce dimanche 24 avril, les chances d'assister à un scénario surprise lors du second tour sont nettement plus faibles.
Quel est le risque encouru pour avoir divulgué les résultats avant 20 heures ?
Divulguer ou donner des indications sur les résultats d'une élection quelle qu'elle soit avant la fermeture des bureaux de vote est un acte qui contrevient aux lois du code électoral. En conséquence, toute personne diffusant des informations sur le scrutin avant l'heure légale s'expose à une amende 75 000€. A noter que l'amende peut être multipliée par le nombre d'informations ou de publications diffusées sur les résultats du vote, la sanction peut donc vite atteindre des sommets et c'est ce qui refroidit les rédactions autant que les instituts de sondage de publier en France des estimations sur l'issue du scrutin. L'amende peut être retenue contre tout le monde, y compris contre un citoyen lambda qui relaierait un article ou des indiscrétions sur les réseaux sociaux. C'est pourquoi les réseaux qui s'amusent à divulguer les résultats avant l'heure usent de stratagèmes et autres codes inventifs et ne reprennent jamais les chiffres, une manière d'échapper à la sanction.
A chaque soirée électorale, la Commission nationale de contrôle de la campagne monte une cellule de veille qui scrute les réseaux et tous les médias à la recherche de la moindre allusion ou fuite d'informations sur les résultats des élections. Et toutes les expressions sont susceptibles d'être retenues comme des indications sur les scrutins, y compris des emojis ou encore des hashtags précise l'institution. Au besoin des captures d'écran sont réalisées pour être ensuite soumises au juge qui décidera de la sanction.