Sondage des législatives 2025 : des favoris et un grand perdant en cas de nouvelles élections
De nouvelles élections législatives permettraient-elles d'apporter de la clarification au Parlement et de dégager une nouvelle majorité, même relative ? Si Emmanuel Macron décide de dissoudre l'Assemblée nationale et, par voie de conséquence, d'engendrer des législatives à l'automne 2025, c'est que le président de la République considère qu'elles permettront de sortir de la crise politique. Si ces élections sont encore un scénario de politique-fiction, Emmanuel Macron doit tout de même être très attentif aux sondages qui envisagent ces législatives anticipées.
Aujourd'hui, le chef de l'Etat peut discerner sans trop de difficultés que la donne de l'an dernier n'est plus vraiment la même : l'Assemblée nationale pourrait être renouvelée bien plus profondément que ce que de nombreux observateurs affirment depuis des mois. D'abord parce que l'union opérée par les principaux partis de gauche pour former le Nouveau front populaire n'est plus d'actualité. Ensuite parce que le bloc central est considérablement impopulaire - il pourrait passer de 91 à 50 élus en cas de nouveau scrutin, selon BFMTV - tandis que la gauche hors LFI pourrait retrouver des couleurs au Parlement.
Le RN favori, la gauche s'accroche, le bloc central décroche
L'Ifop-Fiducial, qui a effectué une étude du 7 au 8 octobre pour LCI, Le Figaro
et Sud Radio, propose un éclairage sur les intentions de vote des Français au 1er tour en cas d'élections législatives anticipées si celles-ci étaient prévues ce dimanche 12 octobre.
Le RN arriverait en tête au premier tour avec 36 % des voix. Une union de la gauche (hors LFI) se hisserait en 2e position avec 19 % des intentions de vote, suivie par le bloc central (13 %), les Républicains (11 %), La France insoumise (8 %) et Reconquête (3,5 %).
Une deuxième option testée par le sondeur met à l'épreuve des autres forces politiques, une union de la gauche similaire au "Nouveau Front populaire". Ici, ce qu'on pourrait qualifier de front de gauche (LFI, PC, PS, EELV, Place publique et Génération.s), récolterait 24 % des intentions de vote, toujours loin derrière le RN (35 %), mais nettement devant le bloc central (14 %) et LR (12 %).
Dans chaque cas de figure, le camp présidentiel n'apparaît plus que comme la troisième force politique du pays, désormais talonnée par LR ou dépassée par la gauche, selon les options testées. "C'est la force politique clairement sanctionnée par les électeurs", relève Frédéric Dabi, directeur général Opinion du groupe Ifop auprès de LCI. À l'inverse, le score du RN est en progression. En additionnant les scores du RN, de l'UDR (parti d'Eric Ciotti) et de Reconquête (parti d'Eric Zemmour), le "bloc d'extrême droite" récolte entre 39 et 40 % des intentions de vote. "Ce n'est jamais arrivé dans une étude préélectorale", glisse
Frédéric Dabi.
Des triangulaires attendues et un vote générationnel
Enfin, il est important de noter que l'avis des votants est loin d'être déterminé. Près d'un quart des électeurs se disent encore "indécis" ou susceptibles de changer d'avis, dans l'étude menée par l'Ifop-Fiducial. Les jeunes de moins de 25 ans, plus sensibles aux thématiques écologiques et sociales, donnent 41 % de leurs voix au NFP, tandis que les plus de 65 ans penchent à 60 % vers la droite ou l'extrême droite. Une vraie scission générationnelle semble se mettre en place.
Selon les intentions de vote mises à jour par l'étude du sondeur Ifop-Fiducial, il apparaît que les résultats du premier tour donneront de très nombreux duels de 2e tour entre l'extrême droite et un parti de l'union de la gauche (hors LFI) ou bien un représentant du camp Macron. Il faudra aussi miser sur des triangulaires avec le RN, l'union de la gauche (hors LFI) et le bloc central. Il est vraisemblable que ces deux situations soient majoritaires sur l'ensemble des circonscriptions.
L'élément déterminant de ces élections législatives pourrait donc être la propension des partis et des électeurs à répondre ou non au "front républicain". C'est-à-dire à faire barrage au Rassemblement national. Cela signifie pour les partis politiques soutenant cette logique, il faudrait retirer leurs candidats lorsqu'ils sont qualifiés en 3e position au 2e tour. Cela signifie surtout pour les électeurs opposés à l'extrême droite à voter pour le candidat opposé au RN au 2e tour.
Front républicain : comment la gauche peut créer la surprise
La surprise venant de la gauche, si elle arrivait, serait étroitement liée à la mise en place d'un front républicain. Un sondage Toluna Harris Interactive paru en septembre dernier donnait le niveau d'approbation des Français à ce front républicain. Aujourd'hui, 6 Français sur 10 préfèreraient une union des différentes forces politiques de gauche restreinte au Parti socialiste, au Parti Communiste et aux Écologistes. Auprès des sympathisants des différentes forces politiques de gauche, seuls les proches de La France Insoumise défendent majoritairement une union de toutes les formations de gauche.
Dans une précédente étude signée Elabe et parue le 30 août dernier, 53 % des Français se disaient opposés l'application d'un front républicain. Mais peut-on en conclure qu'il ne se fera pas ? En réalité, le sondage indique l'inverse et qu'il devrait à nouveau se mettre en place lors des futures élections législatives. Pourquoi ? Parce que 46 % des Français souhaitent bien un "front républicain" et qu'il s'agit dans leur immense majorité des électeurs de gauche et du centre, c'est-à-dire ceux qui sont amenés à adopter cette ligne politique.
Si une majorité de Français ne souhaitent pas de "front républicain", c'est en réalité parce que 91 % des électeurs du RN et 57 % des électeurs de la droite le rejettent. Or, 80 % des électeurs du NFP et 68 % des électeurs d'Ensemble y sont favorables. Cela peut donc paraître contre intuitif, mais il est probable que si cela est bien le cas, les candidats de l'alliance de la gauche (hors LFI) en soient les premiers bénéficiaires. La surprise de ces élections législatives 2025, si elles surviennent, peut donc venir de cette alliance de la gauche, qui pourraient engranger des voix venus des électeurs de LFI et des électeurs des partis du bloc central selon les circonstances.
L'extrême droite peut tout de même envisager ces législatives avec un raisonnable optimisme : dans des duels de second tour face à la gauche, le report des voix pourrait s'avérer insuffisant pour la gauche, compte tenu des tensions fortes entre les cadres et militants LFI et PS. Le RN pourrait passer le plafond de verre dans des circonscriptions où il ne le faisait pas auparavant.