Présidentielle américaine 2024 : des sondages serrés entre Harris et Trump, vers un résultat incertain
L'élection présidentielle américaine 2024 est très incertaine, les résultats des sondages sont extrêmement serrés.
Donald Trump sera-t-il à nouveau élu président des Etats-Unis ? Kamala Harris deviendra-t-elle la première femme à s'installer à la Maison-Blanche ? Les résultats des sondages sur cette élection américaine 2024 montrent que cette présidentielle est l'une des plus incertaine de l'histoire.
Selon les tout dernières études d'intentions de vote, la vice-présidente démocrate recueille autour de 49% des intentions de vote contre 47% pour son adversaire à l'échelle nationale. Et les résultats des sondages sont aussi très serrés dans les quelques Etats qui seront décisifs pour cette élection présidentielle 2024.
Quels sont les résultats des sondages entre Donald Trump et Kamala Harris ?
Depuis le retrait de Joe Biden, la nouvelle candidate démocrate bénéficie d'une popularité inédite auprès des démocrates. Les sondages montrent qu'elle recueille davantage d'intentions de vote que n'en obtenait Joe Biden. Le graphique ci-dessous compile les plus grands sondages nationaux, en intentions de vote, effectués sur les élections américaines.
L'élection américaine se joue en réalité Etat par Etat, chacun d'entre eux donnant aux candidats un lot de voix par l'intermédiaire des grands électeurs à l'issue du vote. C'est donc les sondages identifiés à cette échelle qui sont pertinents pour avoir une vision sur les résultats probables de cette élection présidentielle américaine.
Les résultats des sondages Etat par Etat
Les sondages varient facilement d'un jour sur l'autre, mais la tendance et la dynamique sont en faveur de la candidate démocrate. Voici ce que les sondages donnent dans chaque Etat à ce stade. Voici la carte des projections des votes démocrates et républicains, actualisée quotidiennement sur Linternaute.com :
Les Etats-Unis sont un pays très divisé politiquement, avec des Etats qui votent traditionnellement très majoritairement pour les démocrates, comme la Californie ou le Maryland ; et d'autres qui votent traditionnellement pour les républicains, comme le Montana ou les Etats du Midwest.
Résultats dans les Swing States
Dans une dizaine d'Etats, l'équilibre des forces est plus nuancé, les électeurs peuvent faire pencher leur territoire soit pour l'un soit pour l'autre des candidats. Ces "Swing States" sont les plus ciblés par les candidats à la présidentielle, car celui qui remporte l'élection dans les principaux remportent généralement l'élection. Pour l'heure, dans les 8 plus importants, Kamala Harris et Donald Trump sont au coude à coude. Voici les intentions de votes dans les plus importants Swing States, selon la compilation de Real Clear Politics, le 2 octobre 2024 :
Etats | Donald Trump en % | Kamala Harris en % |
Arizona (11 grands électeurs) | 49.2 | 47.5 |
Nevada (6 grands électeurs) | 47.5 | 48.6 |
Wisconsin (10 grands électeurs) | 48.2 | 48.7 |
Michigan (10 grands électeurs) | 47.4 | 49.1 |
Pennsylvanie (19 grands électeurs) | 48.2 | 48.2 |
Caroline du Nord (16 grands électeurs) | 49.1 | 48.5 |
Géorgie (16 grands électeurs) | 49.3 | 47.8 |
Notre baromètre sur les chances de victoire de Trump et de Harris
Linternaute propose ci-dessous une infographie mesurant les chances de victoire des deux candidats aux élections américaines 2024. La probabilité de victoire est calculée sur un modèle reposant sur 25 000 simulations quotidiennes, effectuées par 270towin. Le résultat, qui n'est qu'un indicateur et non pas une prévision de victoire, s'appuie sur les sondages effectués dans l'ensemble des Etats américains et sur un calcul de pourcentage de victoires globales pour chaque Etat. Le modèle de 270towiun permet d'établir dans quelle mesure une victoire dans un État permet à un candidat de remporter l'élection finale. A titre d'exemple, une victoire en Pennsylvanie donne 90,3% de chance à un candidat de gagner. Cette estimation est effectuée dans tous les Etats du pays pour parvenir à une probabilité à l'échelle nationale.
Attention, le baromètre donne une tendance, mais montre surtout que l'élection est très incertaine. Si un candidat n'a que 40% de chances de remporter l'élection, il s'agit déjà d'une forte probabilité de victoire, même si elle est plus faible que celle estimée pour son adversaire.
Qui vote pour Kamala Harris ? Qui vote pour Donald Trump ?
Les études effectuées sur la sociologie électorale mettent en lumière des clivages nets entre les soutiens de Kamala Harris et ceux Donald Trump. L'institut Pew Research Center, dans une étude publiée le 9 septembre met en lumière ceci :
- Les hommes sont plus susceptibles de préférer Trump (52%) à Harris (46 %), alors que l'inverse est vrai pour les femmes.
- Les électeurs noirs soutiennent massivement Harris (84%). Des majorités plus étroites d'électeurs asiatiques (61%) et hispaniques (57%) soutiennent également Harris. Une majorité d'électeurs blancs (56 %) soutiennent Trump.
- 53 % des électeurs sans diplôme votent pour Trump contre 44% pour Harris, la démocrate est en tête des intentions de vote parmi les électeurs ayant fait quatre ans d'études supérieures ou plus (57 % contre 41 %)
- Les électeurs de moins de 50 ans sont plus susceptibles de voter pour Harris (54%) que pour Trump (44%), tandis que les électeurs de 50 ans et plus soutiennent Trump plutôt que Harris (53% contre 46%).
A quelle date a lieu l'élection présidentielle américaine 2024 ?
Les électeurs sont appelés à se rendre aux urnes le 5 novembre pour voter à l'élection présidentielle 2024 et choisir qui sera à la Maison Blanche pour les 4 prochaines années. Pourtant les Américains n'éliront pas directement le président des Etats-Unis, à la place ils désigneront 538 grands électeurs répartis en fonction du nombre de représentants que compte chaque Etat au Congrès. Ce sont ces électeurs, également dotés d'une couleur politique – entre bleu pour les démocrates et rouge pour les républicains – qui éliront ensuite le Président et son vice-président le 17 décembre. L'investiture officielle du chef de l'Etat aura lieu le 20 janvier 2025.
Trump, un candidat éligible à la présidentielle malgré les procès ?
Le camp républicain sera représenté par Donald Trump à l'élection présidentielle de 2024. Le millionnaire a découragé ou eu raison de la dizaine de candidats à s'être lancés dans la course avant ou durant les primaires. Il faut dire que l'ancien locataire de la Maison Blanche jouit d'une impressionnante popularité auprès des électeurs conservateurs. Et ses soutiens ne sont jamais affaiblis par ses déboires judiciaires, ni même ses condamnations. Donal Trump a déjà été condamné à deux reprises depuis janvier 2024 pour diffamation et fraude financière.
Le candidat à l'élection présidentielle a également été condamné en avril, au pénal, pour la falsification des comptes de campagne visant à dissimuler un pot-de-vin versé à l'actrice pornographique Stormy Daniels, courant août, un autre procès l'attend pour la fraude aux grands électeurs en Géorgie lors de la campagne de 2020. Le jugement le plus attendu, sur l'implication de Donald Trump dans l'assaut du Capitol en janvier 2021, devait débuter le 4 mars, mais a été reporté à une date ultérieure.
Ce dernier procès est le seul qui représente un véritable risque pour la candidature de Donald Trump. Aux Etats-Unis, aucune condamnation ou peine de prison ne représente un caractère d'inéligibilité aux Etats-Unis, seul le fait d'avoir "pris part à une insurrection ou à une rébellion" contre le pays et ses institutions empêchent à un individu d'être élu aux hautes fonctions de l'Etat. Les chefs d'accusation de "complot contre l'Etat" et "d'appel à l'insurrection" étant retenus dans le procès sur l'affaire du Capitole, le procès pourrait reconnaître l'inéligibilité de Donald Trump. Mais dans les faits les chances que cela arrive sont (très) minces.
L'éligibilité de Donald Trump a été menacée pour les primaires de trois Etats – le Colorado, le Maine et l'Illinois –, mais ces jugements ont été cassés par la Cour Suprême des Etats-Unis le 4 mars. Un choix soutenu par les juges conservateurs comme progressistes qui estiment que des décisions d'Etats fédérés ne peuvent pas influer une élection fédérale commune à tous les Etats américains.
Kamala Harris, la candidate surprise au résultat surprise ?
Kamala Harris peut-elle battre Donald Trump ? L'équipe du milliardaire américain avait comme principal argument de campagne l'âge et les défaillances des santé de Joe Biden. Il a été pris au dépourvu et à ressorti des cartons les éléments de langage contre Kamala Harris qui faisaient mouche pendant qu'elle était simplement vice-présidente : son bilan en Californie où Kamala Harris a été procureure, sa position jugée trop laxiste sur l'immigration, son manque de clarté sur de nombreux dossiers économiques...
Kamala Harris est déterminée à battre un adversaire qu'elle connaît bien. Son parcours personnel impressionne et la vice-présidente sait le rappeler. "Je suis la preuve empirique de la promesse de l'Amérique", explique-t-elle régulièrement, elle l'Afro-américaine issue d'un milieu universitaire devenue la première femme à être élue procureure de San Francisco, avant de devenir procureure générale de Californie de 2011 à 2017. Son énergie mais aussi sa jeunesse ont fini de séduire le camp démocrate. A 59 ans, la candidature de Kamala Harris a renvoyé aux oubliettes le duel annoncé entre les deux seniors Biden-Trump, tous deux âgés de plus de 80 ans. Tous les ténors du parti sont désormais derrière elle. Autre point fort : elle aurait levé plus de 600 millions de dollars de dons de campagne, selon les médias économiques américains. C'est 3 fois plus que Donald Trump. Une manne qui pourrait jouer dans les Etats clés, dans lesquels sont diffusés des clips de campagne coûteux pour convaincre les indécis.
Et aussi dans l'actu
Qui sont les autres candidats à l'élection présidentielle américaine 2024 ?
En dehors des candidats des deux grands partis américains, un homme s'est lancé dans la course à la présidentielle, sûr de ses chances. Robert Francis Kennedy Jr, neveu de l'ancien président américain John Fitzgerald Kennedy, se présente en tant que candidat indépendant. S'il avait d'abord envisagé de participer aux primaires du parti démocrate, avant finalement de renoncer à cette possibilité en octobre 2023, l'héritier de la célèbre dynastie américaine a finalement mis un terme à sa campagne pour soutenir officiellement Donald Trump. En cas de nouvelle victoire à l'élection présidentielle, Donald Trump s'est d'ailleurs dit prêt à proposer au futur ex-candidat un poste au sein de son administration.
Trois autres candidats sont dans la course et recueille quelques miettes dans les intentions de vote - ce qui explique que le total entre Donald Trump et Kamala Harris est inférieur à 100 : Cornel West, candidat du People's Party, une formation politique indépendante ; Chase Olivier, le candidat du parti libertarien ; Randall Terry, candidat du parti de la Constitution et Jill Stein, candidate du parti écologiste. Tous ces candidats n'ont aucune chance d'être élus, compte tenu de la faiblesse de leurs soutiens et de leurs finacements. Mais surtout, la vie politique américaine est entièrement structurée autour de deux principaux partis, les démocrates et les républicains, qui offre un cadre assurant à la fois la prédominance de deux voix clairement opposées et l'assurance d'une alternance sur le long terme.
Résultats des précédentes élections américaines
Président | Mandat (Début-Fin) | Nombre d'États Gagnés | Nombre de grands électeurs remportés |
---|---|---|---|
Joe Biden | 2021 - Présent | 25 | 306 |
Donald Trump | 2017 - 2021 | 30 | 304 |
Barack Obama | 2009 - 2017 | 28 (2012), 28 (2008) | 332 (2012), 365 (2008) |
George W. Bush | 2001 - 2009 | 31 (2004), 30 (2000) | 286 (2004), 271 (2000) |
Bill Clinton | 1993 - 2001 | 31 (1996), 32 (1992) | 379 (1996), 370 (1992) |
George H. W. Bush | 1989 - 1993 | 40 | 426 |
Ronald Reagan | 1981 - 1989 | 49 (1984), 44 (1980) | 525 (1984), 489 (1980) |
Jimmy Carter | 1977 - 1981 | 23 | 297 |
Gerald Ford | 1974 - 1977 | 27 | 240 |
Richard Nixon | 1969 - 1974 | 49 (1972), 32 (1968) | 520 (1972), 301 (1968) |
Lyndon B. Johnson | 1963 - 1969 | 44 | 486 |
John F. Kennedy | 1961 - 1963 | 23 | 303 |
Dwight D. Eisenhower | 1953 - 1961 | 41 (1956), 39 (1952) | 457 (1956), 442 (1952) |
Harry S. Truman | 1945 - 1953 | 28 | 303 |
Franklin D. Roosevelt | 1933 - 1945 | 46 (1944), 38 (1940), 46 (1936), 42 (1932) | 432 (1944), 449 (1940), 523 (1936), 472 (1932) |
Herbert Hoover | 1929 - 1933 | 40 | 444 |
Calvin Coolidge | 1923 - 1929 | 35 | 382 |
Warren G. Harding | 1921 - 1923 | 37 | 404 |
Woodrow Wilson | 1913 - 1921 | 30 (1916), 40 (1912) | 277 (1916), 435 (1912) |
William Howard Taft | 1909 - 1913 | 29 | 321 |
Comment fonctionnent les élections américaines ?
Le système électoral américain est complexe. Il repose sur un système indirect où les citoyens élisent non pas directement leur président, mais des grands électeurs qui se réunissent ensuite pour choisir le chef de l'État. Ce "collège électoral" compte 538 membres, correspondant au nombre total de sénateurs et de représentants au Congrès, ainsi qu'à trois électeurs pour le district de Columbia. Chaque État dispose d'un certain nombre de grands électeurs, attribués selon la taille de sa population.
Lors des élections présidentielles, qui ont lieu tous les quatre ans, les citoyens votent au début du mois de novembre. Le candidat qui remporte la majorité des voix dans un État, selon la règle du "winner-takes-all" (le gagnant prend tout), obtient tous les grands électeurs de cet État, à l'exception du Maine et du Nebraska, qui répartissent leurs électeurs de manière proportionnelle. Le candidat ayant recueilli au moins 270 grands électeurs remporte l'élection.