Législatives : retraites, immigration, pouvoir d'achat... Ce qu'il faut retenir du débat Bardella-Attal-Bompard

Législatives : retraites, immigration, pouvoir d'achat... Ce qu'il faut retenir du débat Bardella-Attal-Bompard À quelques jours du premier tour des Législatives 2024, TF1 organisait un débat entre Jordan Bardella (RN), Gabriel Attal (Renaissance) et Manuel Bompard (NFP). Réformes des retraites, impôts, Smic, TVA... Tout ce qu'il faut retenir.

Cinq jours avant le premier tour des élections législatives anticipées, les représentants des trois grandes forces politiques du pays se sont confrontés lors d'un débat télévisé de 1h45 sur TF1, mardi 25 juin. Jordan Bardella représentait le Rassemblement national (RN) et la coalition de l'union de la droite, Gabriel Attal était la voix de la majorité présidentielle et de l'alliance sous la bannière Ensemble, et Manuel Bompard a été choisi par le Nouveau Front populaire (NFP). Pouvoir d'achat, sécurité, immigration, écologie et école ont notamment été abordés. Voici ce qu'il faut retenir du débat.

Augmentation du Smic et TVA : le pouvoir d'achat au centre des débats

"Nous ne voulons plus d'une France où les personnes âgées doivent aller à Pôle emploi" indiquait Manuel Bompard pour lancer ce débat. Et justement, le pouvoir d'achat a été l'un des thèmes centraux des discussions. Le Coordinateur LFI et candidat aux législatives sous la bannière du Nouveau Front populaire a promis de bloquer le prix d'un panier de produits première nécessité. De plus, il a de nouveau plaidé pour une augmentation du Smic à 1 600 euros, déplorant "la plus forte baisse de pouvoir d'achat de ces quarante dernières années". "Si vous augmentez le Smic aujourd'hui, si vous augmentez, comme nous le proposons, le point d'indice des fonctionnaires de 10%, vous allez déclencher dans l'économie française un cercle vertueux". Il a défendu une "relance de la consommation populaire" pour injecter de l'argent "directement dans l'économie". 

Le débat en vidéo dans son intégralité

De son côté, Jordan Bardella défendait une baisse de la TVA"Je propose d'agir, et de baisser la TVA de 20% à 5,5 % sur l'énergie, le gaz, le fioul, les carburants". Il a également assuré que la TVA des produits de première nécessité "sera supprimée à l'automne dans le projet de loi de finances pour 2025". Tandis que le patron du RN affirmait qu'"ouvrir ses factures ou ouvrir son courrier, c'est une angoisse pour des millions de Français". Justement, le Premier ministre Gabriel Attal a vivement attaqué la baisse de la TVA à 5,5% à 12 milliards d'euros sur les produits énergétiques souhaitée par le Rassemblement national. "La mesure que vous proposez, c'est pas 12 milliards par an, c'est 17 milliards par an" a-t-il indiqué.

Gabriel Attal, lui, s'est targué de ne "pas mentir" aux Français. "Je n'ai pas envie de leur faire croire à la lune", a-t-il déclaré avant de défendre le "gagner plus et dépenser moins". "Gagner plus, ça veut dire que désormais il y aura une règle d'or pour revaloriser chaque année les retraites avec l'inflation, comme on l'a fait en janvier dernier de 5% environ. Gagner plus, ça veut dire libérer des augmentations de salaire", a développé le Premier ministre. Il a notamment proposé de baisser les prix de l'électricité de 15 % l'hiver prochain. 

60, 62, 66 ans... Bardella et Bompard s'expliquent sur les retraites

Les trois débatteurs du jour ont ensuite été invités à se pencher sur un autre sujet qui intéresse particulièrement les Français : les retraites. "Je ne vais pas faire comme mes contradicteurs ici qui promettent tout avant les élections en espérant d'être élu", a lâché Gabriel Attal, avant de proposer "la mise en place d'un bonus/malus sur les entreprises qui licencient les séniors". La débat a plutôt eu lieu entre Jordan Bardella et Manuel Bompard qui ont dû détailler leur projet pour les retraites, les deux forces politiques qu'ils représentant étant en mesure de gouverner, si l'on en croît les derniers sondages.

"Ma priorité sera sur les carrières longues. Je souhaite que dès l'automne, ils puissent partir avec 40 annuités et un âge légal de 60 ans. C'est 1,6 milliard d'euros", a déclaré Jordan Bardella qui a également évoqué un "âge pivot de 62 ans" et un départ à la retraite à "66 ans" pour ceux qui ont "commencé à travailler plus tard". Pour sa part, Manuel Bompard explique que le Nouveau Front populaire souhaite "abroger la réforme" d'Emmanuel Macron et "ramener l'âge de départ à 62 ans", précisant que l'objectif est ensuite de le ramener à 60 ans à l'horizon 2027.

"Je serai le Premier ministre de la paix fiscale", assure Jordan Bardella

"Il n'y aura pas d'augmentation des impôts des Français", a encore une fois assuré Gabriel Attal sur le plateau de TF1 ce mardi soir. Le Premier ministre n'a par ailleurs pas manqué de rappeler que la majorité avait supprimé la redevance audiovisuelle ainsi que la taxe d'habitation. Manuel Bompard a ensuite réaxé le débat non pas sur la baisse des impôts, mais sur qui doit en payer, avant de défendre la "progressivité" voulue par son camp. Alors qu'il existe aujourd'hui cinq tranches, le Nouveau Front populaire en veut 14. "Tous ceux qui gagnent moins de 4 000 euros net par mois paieront moins ou autant d'impôts qu'aujourd'hui", a-t-il expliqué, ajoutant qu'il y aura bien plus d'impôts "pour les 8% et en particulier pour les 0,1% des plus riches". Et l'insoumis de pointer que ceux-ci paient à ce jour "moins d'impôts proportionnellement que les classes moyennes", ce qui n'est, selon lui, pas normal.

De son côté, Jordan Bardella a aussi promis qu'il n'augmentera pas non plus les impôts. "Je serai le Premier ministre de la paix fiscale", a lancé le patron du RN, qui a ensuite affirmé vouloir "exonérer d'impôt sur le revenu les jeunes de moins de 30 ans". Son objectif ? Empêcher l'"émigration" des talents. De quoi soulever quelques interrogations du côté de Gabriel Attal : "Qui paie, dans votre modèle, [si] on ne paie pas d'impôt jusqu'à 30 ans et on arrête de bosser à 60 ans ?", "Pourquoi un ouvrier de 31 ans devrait payer des impôts et pas un trader de 29 ans ?"

Débats houleux sur l'immigration

Questionné sur l'un des sujets phares de son programme, Jordan Bardella a estimé que "le droit du sol n'a plus de sens dans un monde à 8 milliards d'individus". Et le patron du RN d'affirmer : "L'immigration est un sujet majeur qui bouleverse notre identité, notre sécurité et l'équilibre des comptes publics." Des propos qui ont vite hérissé Manuel Bompard. "Vous savez, il y a 19 millions de Français qui ont un ancêtre étranger. C'est un Français sur quatre", a-t-il tout d'abord avancé, avant de rappeler les propres origines de Jordan Bardella : "Quand vos ancêtres personnels sont arrivés en France, je crois que vos ancêtres politiques disaient précisément la même chose que ce que vous dites aujourd'hui." Et le représentant du Nouveau Front populaire de défendre : "Les immigrés en France ne coûtent pas de l'argent, ils rapportent de l'argent sur les dix dernières années." Jordan Bardella a également remis sur la table sa proposition de suppression de gratuité des soins pour les étrangers. Le RN "souhaite que l'acquisition de la nationalité française ne puisse plus être automatique. Je souhaite mettre un coup d'arrêt à cette immigration de masse". Gabriel Attal a lui souhaité revenir sur la proposition du RN d'interdire les "emplois sensibles" aux binationaux". "Le message que vous faites passer, c'est que quand on est binational, on est demi-national, on ne serait pas des vrais Français" a-t-il lancé.

Sécurité : la délinquance des mineurs comme priorité numéro un pour Gabriel Attal

Questionné sur la sécurité, Gabriel Attal s'est défendu d'avoir fait de la délinquance des mineurs sa "priorité". En témoigne, selon le Premier ministre, les mesures annoncées en avril dernier. Aujourd'hui, il veut en faire plus. "Il faut qu'on puisse beaucoup plus régulièrement reconnaître le manquement à une obligation parentale", a-t-il notamment évoqué comme piste d'amélioration. Gabriel Attal veut aussi "des sanctions plus rapides et plus efficaces". 

"Il faut un tournant sécuritaire et un tournant pénal", a lui plaidé Jordan Bardella, qui a défendu des peines planchers ainsi que la suspension des allocations familiales pour les parents dont l'un des enfants serait récidiviste. Pour sa part, Manuel Bompard veut un changement de logique et le rétablissement de "ce qui a fonctionné : par exemple la police de proximité". Concernant les mineurs, il a soutenu le fait qu'"on ne doit pas juger un majeur comme un mineur".

"L'école sera véritablement gratuite dès le mois de septembre", promet Manuel Bompard

Gabriel Attal a assumé l'interdiction de l'abbaya dans les écoles, indiquant avoir "à cœur de réaffirmer clairement, par des actes, les règles de la République". Dénonçant un sujet médiatique, Manuel Bompard a, lui, estimé que "le problème à l'école, c'est qu'il n'y a pas eu de professeurs devant chaque classe, [...] qu'on a des élèves qui ont de grandes difficultés pour accéder aux fournitures, aux manuels scolaires". Et d'annoncer : "Si vous votez dimanche pour le Nouveau Front populaire, l'école sera véritablement gratuite dès le mois de septembre." Enfin, Jordan Bardella a dit vouloir que "chaque personnel d'école qui signale un fait bénéficie automatiquement de la protection fonctionnelle", "que les téléphones portables soient bannis". Et d'insister : "Je veux un big bang de l'autorité." 

Quelle place pour l'écologie dans le débat ?

Évoquant le "défi du siècle" qu'est la lutte contre le changement climatique, Manuel Bompard a affirmé qu'"il faut faire bien davantage dans la rénovation thermique des logements". Gabriel Attal a lui défendu le bilan du camp présidentiel : "On a augmenté le budget de la transition écologique de 8 milliards d'euros, [...] on a baissé les émissions de CO2 de 20% dans notre pays, c'est inédit, parce qu'on investit pour accompagner les Français." Enfin, Jordan Bardella a dénoncé l'interdiction à partir de 2035 de la vente de véhicules thermiques neufs. Il a aussi affirmé vouloir "refaire de la France un paradis énergétique" grâce au nucléaire.

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