Comment Macron va choisir son Premier ministre... Une issue au casse-tête ?

Comment Macron va choisir son Premier ministre... Une issue au casse-tête ? Emmanuel Macron invite les responsables politiques à l'Elysée, le 23 août, pour échanger sur la formation du futur gouvernement. Il devrait par la suite prendre sa décision quant à la nomination du nouveau Premier ministre.

Y aura-t-il un nouveau locataire à Matignon à la rentrée ? Maintenant que la trêve olympique décidée par Emmanuel Macron à la mi-juillet s'est achevée, la vie politique reprend là où elle s'est arrêtée : à la recherche d'un Premier ministre. Le chef de l'Etat a fait un pas en ce sens en invitant les chefs de partis et de groupes parlementaires à l'Elysée. Des réunions se tiendront tour à tour afin de "continuer à avancer vers la constitution d'une majorité la plus large et la plus stable possible au service du pays" a indiqué la présidence ajoutant que : "La nomination d'un Premier ministre interviendra dans le prolongement de ces consultations et de leurs conclusions". Mais Emmanuel Macron continue de gagner du temps puisqu'il a fixé ces entrevues au vendredi 23 août. Et l'entourage du Président estime que les discussions pourraient se prolonger jusqu'au 26 août.

Sept semaines après les résultats du second tour des élections législatives, qui a vu le Nouveau Front populaire arrivé en tête sans pour autant obtenir une véritable majorité à l'Assemblée nationale, le nom du nouveau locataire de Matignon pourrait finalement être annoncé à l'issue de ces réunions. Si nom il y a, il devra faire consensus auprès d'au moins 289 parlementaires, dans le cas contraire, le nouveau gouvernement serait exposé dans son ensemble à une motion de censure qui, si elle était votée par plus de la moitié des élus, entrainerait le renversement de l'équipe ministérielle. Tout serait donc à refaire. 

Emmanuel Macron l'a déjà indiqué, il veut un Premier ministre capable de rassembler. Son choix pourrait se porter sur une personnalité issue de la droite car le camp présidentiel ainsi que Les Républicains ont plusieurs fois travaillé de concert dans l'hémicycle. Mais à gauche, le NFP continue d'appuyer la candidature Lucie Castets, bien que le président de la République ait déjà refusé cette proposition. La coalition de gauche a d'ailleurs annoncé se présenter unie à la réunion du 23 août et va y convier sa candidate. D'après l'Elysée, le prochain Premier ministre aura "un parfum de cohabitation".

Une coalition possible avec Les Républicains ?

Emmanuel Macron pourrait être tenté de se diriger vers un gouvernement de coalition entre Renaissance et Les Républicains. Le camp présidentiel à la tête de la coalition Ensemble compte 168 députés tandis que la droite en a 60, les deux groupes unis cumuleraient donc près de 230 députés et deviendraient majoritaires. Les deux formations politiques se sont déjà entendues sur plusieurs projets depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022 et ont permis de faire voter des lois malgré la majorité relative du camp présidentiel. Une coalition paraît donc possible, mais la droite se montre réticente à de nouveau jouer le rôle de béquille aux élus macronistes. En coulisses, Édouard Philippe, capable de faire le pont entre la macronie et la droite, tente de convaincre les Républicains. De plus, le camp présidentiel et la droite se sont alliés pour l'élection de Yaël Braun-Pivet au perchoir.

Si une telle coalition voyait le jour, le Premier ministre pourrait venir du camp macroniste, plus particulièrement de l'aile droite, mais aussi d'un parti du centre droit comme Horizon ou alors de la droite modérée. Les Républicains poseraient comme condition à une coalition la nomination d'un Premier ministre de droite sans donner de nom. Reste que certains se positionnent d'eux-mêmes, comme Xavier Bertrand, qui s'imagine à Matignon après avoir construit une coalition impliquant la droite, le camp présidentiel mais aussi la gauche. La piste de Bernard Cazeneuve, ex locataire de Matignon sous François Hollande, a aussi été évoquée par Le Parisien. Ce dernier s'est dit "prêt" à un gouvernement technique ou d'entente. 

Macron libre de nommer qui il veut à Matignon

Quoi qu'en disent les oppositions, elles n'ont pas vraiment leur mot à dire sur la nomination du Premier ministre qui revient uniquement au chef de l'Etat. Une cohabitation ne change rien à cette règle, aucune mesure particulière n'est d'ailleurs prévue par la Constitution en cas de cohabitation. Une jurisprudence fait cependant foi depuis la première cohabitation de la Vème République, survenue en 1986 sous la présidence de François Mitterrand. "Le président de la République nomme qui il veut. Il doit naturellement se placer en conformité avec la volonté populaire. [...] Je devrai m'adresser à une personnalité de la majorité pour conduire le gouvernement" avait alors déclarait celui qui était le chef de l'Etat.

Ce principe a été respecté lors des deux autres cohabitations de la Vème République. Mais ce n'est pas vraiment le chemin que semble vouloir prendre Emmanuel Macron pour la rentrée. Il pourrait imposer son choix de Premier ministre, et ne pas nommer une personnalité de gauche, en adéquation avec les résultats des dernières élections législatives anticipées. Pour l'heure, l'équipe ministérielle démissionnaire, Gabriel Attal en chef de file comme locataire de Matignon démissionnaire, reste en place.

Un choix contraint par la menace d'une motion de censure

Si la loi ne contraint pas le président de la République dans le choix du Premier ministre, la majorité parlementaire le peut. D'où les exigences et les positionnements des différents partis s'imaginant remporter le scrutin. Une fois nommé, le Premier ministre avec son gouvernement est responsable devant l'Assemblée et peut à tout moment être renversé par une motion de censure s'il n'est pas assuré du soutien de la moitié des élus, au moins. La Constitution prévoit alors le départ forcé du chef du gouvernement. C'est pourquoi le Premier ministre est choisi selon la majorité en présence dans l'hémicycle : sans cela il sait qu'il pourra être contraint à la démission si une motion de censure est votée.

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