Élections législatives 2022 : les premières tendances à retenir

Élections législatives 2022 : les premières tendances à retenir LÉGISLATIVES 2022. Les résultats des élections législatives 2022, dont le premier tour se déroule ce week-end, seront connus ce dimanche soir. Mais plusieurs tendances de fond peuvent être retenues de la campagne qui vient de s'achever...

Les Français de métropole ont commencé, dimanche à 8 heures, à voter pour le premier tour des élections législatives 2022 qui met aux prises la coalition soutenant Emmanuel Macron, en quête d'une majorité parlementaire pour appliquer son programme présidentiel, et la gauche revivifiée derrière Jean-Luc Mélenchon, tandis qu'à l'extrême droite, le RN de Marine Le Pen affiche des ambitions mesurées.

Les premières tendances de ces législatives 2022 confirment la faible mobilisation des électeurs. Ils sont 18,43% à s'être déplacés à la mi journée, selon l'estimation du ministère de l'Intérieur à midi, soit 0,8 point de moins qu'il y a 5 ans. L'abstention massive redoutée - au-delà de 50% sans doute des plus de 48 millions d'électeurs - pourrait arbitrer le match par procuration entre le chef de l'Etat fraîchement réélu et ses deux principaux rivaux. Un match encore très indécis.

Pourtant, sans même attendre les résultats de ces élections législatives, des tendances de fond émergent de la campagne qui vient de se dérouler sous nos yeux. Au moins cinq qui, d'ores et déjà, vont servir de contexte au résultat du scrutin et de décor au nouveau quinquennat balbutiant, de la confirmation d'une recomposition politique autour de trois grands pôles au chamboulement du calendrier électoral en passant par l'avènement d'une nouvelle force à gauche.

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1- Un désintérêt de plus en plus manifeste

Les sondages l'ont dit été répété : la participation aux législatives 2022, qui a donc été pointée sous les 19% à la mi-journée, pourrait être la pire de l'histoire de la Ve République avec 51 à 55% d'abstentionnistes annoncés selon les différentes enquêtes. La campagne atone n'aura jamais vraiment décollé, laissant un trou d'air aux innombrables scandales et polémiques du début de quinquennat. Une enquête menée par BVA pour RTL, publiée une semaine avant le premier tour, indiquait que seulement 38% des Français suivaient la campagne des élections législatives, dont un infime 12% disant la suivre "beaucoup" (26 % "assez", 34% "un peu" et 27% "pas du tout"). Autre signe qui ne trompe pas : seuls 40% des Français interrogés connaissaient le nom du député de leur circonscription.

2- Une recomposition confirmée autour de 3 blocs

C'est sans doute la tendance la plus visible de ces élections législatives 2022 : le scrutin visant à renouveler les 577 élus de l'Assemblée nationale confirme d'ores et déjà la recomposition politique du pays autour de trois grands blocs : un bloc progressiste et libéral autour d'Emmanuel Macron, un bloc "populaire" et  écologiste autour de Jean-Luc Mélenchon et de ses alliés et enfin un bloc identitaire et souverainiste autour de Marine Le Pen. Six semaines après la présidentielle d'avril, les trois candidats arrivés en tête se retrouvent en effet aux législatives, avec le vainqueur Emmanuel Macron qui affronte indirectement l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, pas candidat mais leader de gauche, avec Matignon en ligne de mire. Marine Le Pen aspire, elle, à obtenir un groupe dont elle prendrait la direction à l'Assemblée.

Les derniers sondages publiés avant la fin de la campagne officielle n'ont fait que conforter cette tripartition du paysage politique décrite également par plusieurs médias, comme Le Monde dernièrement. Celle-ci s'est consolidée depuis la présidentielle 2017 à la faveur des différents scrutins intermédiaires (européennes, municipales, régionales...). Dans ce ménage à trois, la coalition présidentielle, qui a mis à mort la droite et la gauche traditionnelles, dispose d'un fragile avantage depuis 5 ans maintenant, les deux autres blocs se disputant tour à tour le statut de premier opposant.

3- L'avènement d'une nouvelle force à gauche

C'est sans doute une tendance plus récente, mais elle semble être l'aboutissement elle aussi d'une série de mouvements à gauche ces dernières années : la création de la Nupes, la "Nouvelle Union populaire écologique et sociale" autour de Jean-Luc Mélenchon, est à la fois la résultante d'une lente agonie du Parti socialiste, qui a progressivement perdu sa mainmise sur la gauche en France, et de nombreuses tentatives d'alliances déçues, de la gauche plurielle au début des années 2000 à Europe-Ecologie Les Verts dans la décennie suivante.

L'avènement de la Nupes est sans doute aussi le signe que le centre de gravité de la gauche s'est déplacé vers une forme plus radicale, eurosceptique voire anti-européenne et n'affichant plus aucune complaisance vis-à-vis de l'économie de marché. Après les élections législatives, en cas de victoire comme de défaite, c'est bien la solidité de ce nouvel édifice, réunissant des personnalités et des militants venus d'horizons parfois très différents, qui sera en jeu. 

4- Un scrutin qui n'est pas (plus) la suite logique de la présidentielle

Ces élections législatives signent sans doute aussi un chamboulement du calendrier électoral tel que conçu au début des années 2000 avec l'instauration du quinquennat, en tout cas de sa logique et de son esprit. Ce calendrier, qui adosse les élections législatives à l'élection présidentielle, était censé permettre au président élu d'avoir une majorité nette à l'Assemblée pour mener ses réformes. Mais 20 ans après sa mise en place, la cohérence entre les deux scrutins nationaux n'est plus si évidente, la majorité à l'Assemblée nationale n'étant visiblement pas acquise pour Emmanuel Macron : la majorité absolue (289 députés sur 577) est en effet directement menacée, une majorité relative semble possible, le scénario d'une cohabitation aura été évoqué et aura même été l'argument de campagne majeur de la gauche.

La configuration politique de la présidentielle 2022 a aussi été inversée. Alors que la France a assisté en avril à son deuxième duel Macron-Le Pen, c'est désormais la gauche qui s'impose comme la principale rivale des macronistes, avec un Jean-Luc Mélenchon très offensif, qui a fini par reléguer Marine Le Pen au second plan dans cette campagne.

5- Moins de candidats et moins de renouvellement

Dans ce contexte, alors que le "dégagisme" avait balayé une large partie de l'Assemblée sortante en 2017, ces élections législatives 2022 signent le retour à une certaine stabilité, avec un renouvellement qui s'annonce nettement moins prononcé au Palais Bourbon. 6290 candidats postulent à ces législatives, soit environ onze par circonscription en moyenne. Ils étaient 7882 en 2017. Le vivier de candidats s'est ainsi considérablement réduit, notamment à la faveur des alliances (Nupes à gauche, Ensemble! pour les candidats de la majorité). Surtout, indique Le Monde, on compte 136 députés sortants qui ont décidé ou ont été contraints de ne pas se représenter. Ils étaient 220 lors des précédentes législatives.

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