Nouveau Front populaire : le conflit Ruffin-Mélenchon prend de l'ampleur
La campagne du Nouveau Front populaire pour les élections législatives met La France insoumise à rude épreuve. Alors que François Ruffin s'émancipe de Jean-Luc Mélenchon, la tension monte avec la direction du parti.
Rupture consommée entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon ? Depuis que le député sortant de la Somme est reparti en campagne pour les législatives, il ne cache pas sa lassitude vis-à-vis de l'omniprésence du fondateur de La France insoumise. "Je sais très bien que ce n'est pas un appui, Jean-Luc Mélenchon, ici. C'est plutôt quelque chose qui repousse les électeurs. Je pense que c'est un obstacle à la victoire du Front populaire", a déclaré François Ruffin mardi, sur TF1, depuis sa circonscription.
Un nouveau constat sans appel du député picard à l'égard de Jean-Luc Mélenchon, qui a déclenché l'ire des proches de ce dernier. "Si Mélenchon et la FI ne t'avaient pas investi, tu n'existerais pas", a répondu le député sortant Adrien Quatennens sur X. "Et aujourd'hui, tirer contre lui est ton assurance-vie. Si belle soit-elle, la Picardie n'est pas le pays. Rejoins le RN direct ! On gagnera du temps et de l'énergie."
"François Ruffin a choisi la rupture avec moi", déplorait déjà Jean-Luc Mélenchon le 20 juin dans les colonnes du Figaro, après que le picard d'adoption avait vertement protesté contre la non-investiture de plusieurs de ses collègues députés insoumis. "Je n'ai jamais dit du mal de lui, et je n'en dirai pas plus aujourd'hui qu'hier. D'ailleurs, il a été réinvesti par LFI", déclarait encore Mélenchon, dénonçant une "vindicte blessante".
La querelle ne fait pas le jeu du Nouveau Front populaire, qui apparait divisé dans cette campagne : figure plutôt consensuelle de la coalition de gauche, François Ruffin perd l'appui de son propre parti, ce qui pourrait bien desservir son ambition de devenir Premier ministre en cas de victoire du bloc populaire aux législatives.
Quel programme pour le Nouveau Front populaire ?
150 mesures mises en place au cours de trois périodes successives. Voilà la ligne directrice du programme du Nouveau Front populaire, présenté vendredi 14 juin 2024. LFI, EELV, le PS, le PCF se sont mis d'accord sur de nombreux engagements qu'ils souhaitent mettre en œuvre s'ils obtiennent la majorité à l'Assemblée nationale, le 7 juillet prochain, au soir du 2e tour des élections législatives. Ce programme se mettrait en œuvre en trois phases : d'abord une série de décisions prises dans les 15 jours après l'arrivée au pouvoir, puis une autre dans les 100 jours suivant le début de leur gouvernance et, enfin, certaines au cours des mois suivants.
Il va sans dire que le Nouveau Front populaire a accès ses principales promesses sur le pouvoir d'achat, qu'il entend améliorer. Pour cela, de nombreuses hausses seront décrétées : celle du Smic à 1600 euros net, celle du minimum contributif au niveau du Smic, celle du minimum vieillesse au niveau du seul de pauvreté, celle de l'AAH au niveau du Smic, celle des APL de 10%, tout en actant l'indexation des salaires sur l'inflation. Dans le même temps, les réformes des retraites, du chômage et du RSA seront abrogées.
Par ailleurs, face à l'envolée des factures d'énergie (électricité, gaz, carburant), le Nouveau Front populaire promet de supprimer la taxe de 10% sur les factures d'énergie, d'annuler la hausse prévue du prix du gaz, de rendre gratuits les premiers KwH d'électricité et de mettre fin aux coupures d'électricité, de chaleur et de gaz.
Concernant l'Education, la gauche annonce vouloir abroger le "choc des savoirs" voulu par Emmanuel Macron, préserver la liberté pédagogique des enseignants, travailler sur la gratuité totale de l'école (Cantine, fournitures, transports, périscolaire), mais aussi réduire les effectifs par classe à 19 élèves, abolir Parcoursup, instaurer le repas à 1 euros au Crous.
Très attendue sur le brûlant sujet de la diplomatie internationale, l'alliance de gauche a dévoilé sa position. Sur l'Ukraine, elle souhaite maintenir la livraison d'armes et défendre la souveraineté du peuple ukrainien, poursuivre la saisie des avoirs des oligarques dans les banques et envoyer des casques bleus, notamment pour sécuriser les centrales nucléaires.
Quant à l'épineux sujet d'Israël et de Gaza, le Nouveau Front populaire propose de rompre avec le soutien au gouvernement de Benjamin Netanyahu (Premier ministre israélien), et de faire respecter l’ordonnance de la Cour Internationale de Justice (CIJ) qui évoque un risque de génocide. Il souhaite aussi agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres, qualifiés de "terroristes", du Hamas, et pour la libération des prisonniers politiques palestiniens. Il promet de soutenir la Cour Pénale Internationale dans ses poursuites contre les dirigeants du Hamas et le gouvernement israélien et demande une reconnaissance immédiate de l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël sur la base des résolutions de l’ONU, avec la tenue d'élections en Palestine.
Qui sont les candidats du Nouveau Front populaire ?
La coalition du Nouveau Front populaire réunit plusieurs partis de gauche dont, La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF) et Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), en plus de partis alliés. L'accord sur la répartition des candidats sur le territoire prévoit d'envoyer des candidats insoumis dans 229 circonscriptions, des socialistes dans 175 autres, des écologistes dans 92 territoires et des communistes dans les 50 restantes.
Chaque circonscription ne présentera donc qu'un seul candidat pour la gauche, qu'importe le parti politique auquel il appartient. L'accord conclu par les membres du Nouveau Front populaire donne l'avantage à La France insoumise qui compte plus de 50 circonscriptions en plus par rapport au Parti socialiste. La répartition a été faite en fonction des résultats des précédentes législatives et des chances de chaque parti de gagner dans les différentes circonscriptions face aux autres forces de gauche, mais aussi et surtout face à la majorité présidentielle, la droite et l'extrême droite. A noter que dans de nombreuses circonscriptions, ce sont les députés sortants qui sont réinvestis.