Un gouvernement du Nouveau Front populaire possible sans LFI ?
Un gouvernement du Nouveau Front populaire semblait impossible jusqu'à ce que Jean-Luc Mélenchon évoque une composition d'une équipe sans ministres insoumis.
Malgré sa victoire en nombre de sièges lors des élections législatives, l'hypothèse de la constitution d'un gouvernement NFP sans majorité absolue paraît très peu vraisemblable. Faire passer un texte sans s'exposer à une motion de censure de la part de l'opposition s'avérerait impossible.
Le 23 août, Emmanuel Macron a reçu Lucie Castets, lors de son cycle de consultations des chefs de partis et de groupes parlementaires. La candidate du NFP à Matignon a jugé le président "lucide" sur "le souhait d'un changement d'orientation politique". Elle a évoqué une "discussion très riche" avec ce dernier.
La majorité présidentielle écarte cependant toute possibilité de gouverner avec La France insoumise. Or, cette condition pourrait avoir été entendue. Jean-Luc Mélenchon a ouvert la porte, le 24 août sur TF1, a un gouvernement sans ministres insoumis mais avec à sa tête la candidate NFP pour Matignon. "Le gouvernement de Lucie Castets, s'il ne comportait aucun ministre insoumis, est-ce que vous vous engagez à ne pas voter la censure et à lui permettre d'appliquer le programme pour lequel nous sommes arrivés en tête des élections législatives ?", a-t-il adressé aux chefs des "trois partis macronistes et de la droite". La gauche tente ainsi de mettre au clair les réelles intentions du président. Sur X, Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, a, en effet, fait savoir qu'ainsi "le prétexte de la présence de ministres FI n'existe plus". "On attend maintenant la réponse de tous ceux qui pensaient avoir trouvé là un moyen de rejeter en bloc le NFP", a-t-il ajouté.
Quel gouvernement NFP ? Quels ministres ?
S'il n'y a pas de LFI, qui pourrait être ministre en cas de gouvernement NFP ? Si Lucie Castet s'est refusé à déjà donner des noms. François Hollande lorgnerait en réalité le ministère des affaires étrangères. Le quai d'Orsay semble être un portefeuille idéal pour François Hollande. Il s'agit d'un ministère de premier plan qui échappe un peu à la tutelle de Matignon au profit de liens directs avec l'Elysée. Peu d'autres noms circulent pour le moment mais reste à voir ce que deviendraient les chefs de fils des différentes forces du NFP tel Olivier Faure, Marine Tondelier et Fabien Roussel si une telle situation se présentait.
Si le NFP parvenait finalement à ses fins, il s'est déjà fixé cinq grandes priorités. Parmi elles, le pouvoir d'achat avec notamment une hausse du SMIC et l'abrogation de la réforme des retraites, la "bifurcation écologique" de l'économie, l'éducation, la santé et une fiscalité "plus juste". L'union de gauche souhaite aussi se repencher sur certains dossiers jugés importants comme "la fin de vie, la protection de l'enfance, les familles monoparentales, l'instauration d'un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé ou les violences sexuelles dans le milieu culturel".
Le retrait des Insoumis insuffisant ?
Pour en arriver là, il faudrait déjà qu'Emmanuel Macron accepte de désigner Lucie Castets Première ministre, option qu'il a rejetée à plusieurs reprises, la gauche ne semblant pourtant pas prête à négocier pour un autre nom. De plus, le RN qui a augmenté son nombre de députés à l'Assemblée, envisage de poser une motion de censure en cas de gouvernement NFP. "Nous avons indiqué que nous étions en faveur d'une motion de censure à l'égard d'un probable gouvernement du Nouveau Front populaire", a assuré Jordan Bardella à sa sortie de l'Élysée le 26 août. Il a ajouté que l'absence de LFI "ne changera strictement rien". Eric Ciotti, président du groupe À droite ! à l'Assemblée Nationale, aussi convié à l'Elysée le même jour, a exprimé la même opposition.
Son de cloche assez similaire chez Ensemble qui craint le programme du NFP. Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l'Assemblée nationale, a affirmé auprès du Figaro que "s'il était appliqué, le programme du NFP provoquerait une crise", brandissant aussi la menace de la mention de censure.