Des "wagons réservés aux femmes et enfants" bientôt dans le RER à Paris ?

Des "wagons réservés aux femmes et enfants" bientôt dans le RER à Paris ? Déjà adoptée à l'étranger, la solution des wagons pour femmes relance le débat sur la sécurité des transports en France.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 7 femmes sur 10 déclarent avoir déjà subi des violences sexistes et sexuelles dans les transports d'Île-de-France au cours de leur vie, selon un rapport de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences. 56% des femmes sondées déclarent ne pas se sentir en sécurité dans le métro, le RER et les trains de banlieue et ce chiffre monte à 81% lorsqu'elles considèrent les trajets effectués après 22 heures.

"Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les statistiques", a constaté Marie K. qui emprunte régulièrement le RER D. Suite à une tentative de viol dans le RER C, cette habitante du Val-d'Oise a lancé sur la plateforme mondiale de pétitions en ligne Change.org une demande pour la mise en place d'un "projet pilote de wagons réservés aux femmes et aux enfants dans les trains des zones sensibles". Lancée le 24 octobre dernier, la pétition qui propose une alternative face à ce sentiment d'insécurité a recueilli des dizaines de milliers de signatures.

Aux Émirats Arabes Unis, le métro de Dubaï propose des compartiments "Women and Children" clairement signalés, s'inscrivant dans une démarche à la fois de sécurité et de respect des normes culturelles. © Caroline - stock.adobe.com

Vrai problème, fausse solution ? La proposition de wagons réservés a immédiatement soulevé le débat sur la "non-mixité" dans l'espace public. "Il ne s'agit pas de division, mais de protection. On pourrait simplement prévoir un seul wagon par train, sur les tronçons les plus sensibles. Chaque femme resterait libre de choisir si elle souhaite y entrer ou non", a défendu la pétition. Et l'idée n'est pas nouvelle : plusieurs pays comme le Japon, l'Inde, les Émirats Arabes Unis ou le Mexique disposent déjà de wagons ou compartiments réservés aux femmes en réponse à des taux élevés de harcèlement sexuel et d'agressions.

Le Japon est le premier pays à avoir institué des wagons réservés aux femmes - les Josei Senyō Sharyō - dans les années 2000 sur certaines lignes de métro et de train, dans le but de lutter contre le chikan, ce phénomène qui se produit aux heures de pointe lorsque certains Japonais profitent de la promiscuité pour avoir les mains baladeuses.

Wagon réservé aux femmes dans le métro japonais, signalé par des autocollants roses. © xiaosan - stock.adobe.com

Si au Japon leur usage est volontaire, d'autres pays appliquent des règles plus strictes. Dans le métro de Mexico, des compartiments dédiés aux femmes et aux enfants de moins de 12 ans sont en vigueur toute la journée et le non-respect par les hommes est passible d'amendes. Même chose dans les grandes villes indiennes comme Delhi et Mumbai, où les transports sont régulièrement bondés : les femmes disposent de compartiments dédiés, souvent le premier ou le dernier wagon des rames de métro et de trains de banlieue.

Si Île-de-France Mobilités n'a pas donné suite à la pétition, privilégiant pour l'instant le renforcement des dispositifs d'alerte (le 3117 24h/24 et 7j/7) et la vidéosurveillance pour résoudre le problème, l'idée d'une mesure plus radicale continue d'interpeller les autorités face à l'urgence de la sécurité des femmes.

Autour du même sujet

RATP