Running Man : le réalisateur Edgar Wright nous dévoile les secrets du film (interview) Une nouvelle adaptation du roman de Stephen King est sorti au cinéma le 19 novembre 2025. Nous avons rencontré son réalisateur, Edgar Wright, quelques semaines avant. Entretien.

Depuis le 19 novembre 2025, les spectateurs peuvent courir dans les salles de cinéma. The Running Man est un blockbuster explosif et enragé à 110 millions de dollars qui, au milieu des scènes d'action spectaculaires, retrouve la colère du roman de Stephen King : le long-métrage dénonce les inégalités sociales exacerbées, la destruction de la santé publique, l'endoctrinement du public par la télévision et la manipulation de masse. Il offre ici une approche bien plus fidèle à l'auteur que la version avec Arnold Schwarzenegger sortie en 1987. 

Publié en 1982, The Running Man reste un roman terriblement d'actualité. Pas étonnant donc qu'Edgar Wright, réalisateur brillant de la Cornetto Trilogy et de Scott Pilgrim (puis Baby Driver, Last Night in Soho...) s'attache à offrir une adaptation très énervée à cette oeuvre enragée, tristement visionnaire. "Faire des films est cathartique et thérapeutique", admet-il lorsqu'on le rencontre pour une interview à Paris, quelques semaines avant la sortie du film le 19 novembre 2025. "Heureusement, on évacue beaucoup de chose de son système en faisant un film".

L'interview d'Edgar Wright pour Running Man

Edgar Wright était un "fan de Stephen King" qui a découvert le roman à l'adolescence. Lorsqu'il découvre la version de 1987 de Running Man, il a "le sentiment qu'il restait encore un autre film à tirer de ce roman". Il faudra attendre 2021 pour que le cinéaste, qui vient de finir Last Night In Soho, reçoive un mail lui proposant de réaliser son rêve. "Beaucoup des éléments présents dans le film étaient déjà très vifs pour moi dès la première lecture et à la relecture", note-t-il aujourd'hui.

"Running Man : l'interview d'Edgar Wright"

Même la scène de l'hôtel YVA, l'un des grands moments de bravoure de cette version de Running Man, "très compliquée" à tourner en raison de ses "éléments en mouvement et de ses décors en mouvement" : "Quand tout a enfin été assemblé, j'en étais très fier, parce que c'était plein d'éléments à coordonner, extrêmement complexe, ardu à réaliser".

Un brûlot contre les dérives de l'IA et de la TV

Stephen King s'est montré prescient dans plusieurs scènes de son roman. Les scènes qui résonnent le plus aujourd'hui restent celles où les studios de télévision modifient une vidéo du héros, Ben Richards, pour mettre dans sa bouche des mots (violents) qu'il n'a jamais prononcé. L'objectif : monter le public contre lui. Les dérives de l'IA avant l'heure, donc. Dans cette version 2025 de Running Man, Edgar Wright réutilise ce concept à outrance : "C'est une idée très prémonitoire, admet-il en parlant du roman de Stephen King. Au-delà de ça, et de l'IA et des deepfakes, on a eu environ 25 ans de télé-réalité pendant lesquels les gens sont devenus très conscients du fait que l'émission crée une narration autour de quelqu'un. Certains peuvent être moqués, d'autres deviennent le méchant..."

Glen Powell, nouvel interprète de Ben Richards

Pour incarner Ben Richards, Edgar Wright a choisi de faire appel aux services de l'acteur Glen Powell. Star montante du cinéma d'action, il s'est illustré sur plusieurs genres ces dernières années, du blockbuster d'action Top Gun : Maverick à la comédie Hit Man, en passant par le film catastrophe Twisters ou la comédie romantique Anyone but you.

© 2025 Par. Pics

"Il a une forme de proximité et de crédibilité en tant qu'homme d'ordinaire, juge Edgar Wright. C'était important pour ce film de ne pas avoir un acteur qui était déjà établi comme un héros de films d'action, qui aurait déjà joué un super-héros ou un tueur entraîné". Le réalisateur de Running Man lui trouve un élément essentiel qui l'a convaincu de l'engager pour incarner ce père de famille au chômage, furieux contre la société, qui doit tout risquer pour subvenir aux besoins de sa femme et de sa fille : "il est crédible dans la peau de quelqu'un qui vient directement de la rue".

Références et clins d'oeil à gogo

Edgar Wright est un réalisateur cinéphile, qui n'hésite pas à citer d'autres œuvres dans ses films. Running Man ne fait pas exception avec plusieurs clins d'oeil aux films adaptés de Stephen King parsemés ici et là dans le long-métrage, comme un billet de banque à l'effigie d'Arnold Schwarzenegger par exemple. Il cite également Brazil de Terry Gilliam comme source d'inspiration, "un classique de la science-fiction dystopique et cauchemardesque. Il est extrêmement sombre et pourtant aussi très drôle en même temps, ce qui est une prouesse difficile à accomplir."

Malheureusement, certaines de nos questions sont restées sans réponse. Edgar Wright n'a pas voulu nous répondre sur les raisons qui l'ont poussé à changé la fin de ce Running Man par rapport aux dernières pages du roman ("elle parle d'elle-même" se contente-t-il de commenter, souhaitant laisser la surprise aux spectateurs). Interrogé également sur le fait que Stephen King est l'auteur le plus censuré de l'administration Trump, il estime ne pas être "à jour sur le sujet".

L'avis critique de Linternaute

Le 19 novembre 2025, Edgar Wright s'attaque à un monument de la littérature dystopique : Running Man, roman de Stephen King paru en 1982. Bien plus fidèle que la version de 1987 portée par Arnold Schwarzenegger, le réalisateur signe du grand spectacle qui en mettra plein les yeux au public (travellings, longues prises, montage précis). On y reconnait cependant bel et bien la patte d'Edgar Wright, dans son rythme à 100 à l'heure, l'usage maîtrisé de la musique ou encore son humour caractéristique et ses scènes d'action décomplexées.

Surtout, Edgar Wright signe un film politique qui appelle à la révolution. Le scénario s'énerve furieusement contre l'instrumentalisation des problématiques sociales par la télévision ou la télé-réalité, l'abrutissement des masses, le système de santé déclinant, la manipulation par l'IA, les deep fakes et les fake news. Enfin, le roman de Stephen King retrouve sa portée politique. 

Glen Powell se montre convaincant en homme de famille enragé contre la société dans laquelle il vit, et crédible dans chacune des scènes d'action. Le film est souvent bruyant et brouillon, imparfait sans doute, mais cela reste un spectacle ultra-généreux avec un vrai propos. La fin est certes réjouissante, mais brouillonne et nous a laissé perplexe (ce n'est pas la même que le roman). Mais on ne boude à aucun moment notre plaisir devant ce film d'action noir, énervé, survolté, ludique et spectaculaire sans jamais êtres idiot. Un blockbuster comme on aimerait en voir plus souvent.

SynopsisUne nouvelle adaptation du roman Running Man de Stephen King publiée en 1982. Premier quart du XXIe siècle, la dictature s'est installée aux États-Unis. La télévision, arme suprême du nouveau pouvoir, règne sur le peuple. Une chaîne unique diffuse une émission de jeux suivie par des millions de fans : La Grande Traque. Ben Richards, un père de famille qui n'a plus rien à perdre, décide de s'engager dans la compétition mortelle. 

Film d'action