Cette astuce des lycéens pour préparer le bac de Français en bossant moins fonctionne, elle désespère les profs
L'épreuve de baccalauréat de français approche à grands pas. Le 13 juin, les élèves de Première passent l'épreuve anticipée tant redoutée. Ceux des filières générales auront le choix entre un commentaire de texte ou une dissertation, à sélectionner parmi trois propositions. Du côté des séries technologiques, les candidats pourront opter pour un commentaire ou bien une contraction de texte suivie d'un essai, là aussi sur trois sujets liés à un même thème mais s'appuyant sur des textes différents.
L'épreuve porte sur les œuvres littéraires étudiées tout le long de l'année scolaire. Les lycéens explorent trois ouvrages classiques issus de quatre grands domaines littéraires : la poésie, le roman et le récit, le théâtre, et la littérature d'idées. Parmi les titres au programme, La Peau de chagrin de Balzac, Le Menteur de Corneille ou encore Les Caractères de La Bruyère. Cela représente un total de douze œuvres à connaître en profondeur pour espérer réussir le jour J.
Mais en réalité, les élèves lisent-ils vraiment ces œuvres imposées ? " C'est la question lancinante que se posent les enseignants", affirme Maïté Eugène, maîtresse de conférences en sciences de l'éducation auprès du Figaro.
Il y a encore quelques années, les élèves devaient se procurer des profils d'œuvres ou des fiches de lecture en librairie pour se faciliter les révisions. Aujourd'hui, la génération Z a trouvé une astuce bien plus rapide et efficace : l'intelligence artificielle. "Désormais, il leur suffit d'aller taper Le colonel Chabert résumé dans ChatGPT ou leur barre de recherche. Ils s'en contentent", regrette Maïté Eugène. En effet, une simple requête adressée à l'IA d'OpenAI permet d'obtenir un résumé complet d'un ouvrage, souvent suffisant et très efficace pour passer les contrôles de lecture et l'épreuve orale du bac. Les évaluations valorisent en effet une approche factuelle de la lecture, axée sur "la maîtrise des faits, du récit et de certains détails précis", ce qui permet aux enseignants de vérifier si l'élève a compris le texte, explique la maîtresse de conférences.
Paradoxalement, les élèves qui lisent réellement l'œuvre dans son intégralité pourraient être désavantagés par rapport à ceux qui se contentent d'utiliser l'intelligence artificielle : "un élève qui aura parcouru l'ensemble du texte sans en retenir chaque détail risque d'être moins bien noté que celui qui s'est limité à extraire les informations attendues" déplore une professeur.
Les enseignants, eux, doivent s'adapter. "J'ai arrêté de leur demander de réaliser des fiches de lecture à la maison. Elles sont intégralement rédigées avec ChatGPT", confie l'enseignante. "Je ne peux utiliser cet exercice que pour les œuvres sur lesquelles la toile possède peu de documentation, comme Lucrèce Borgia de Victor Hugo."