Le Soir, La Tribune de Genève, RTS, Le Temps : encore des fuites sur les législatives ?

Le Soir, La Tribune de Genève, RTS, Le Temps : encore des fuites sur les législatives ? Que nous réservent-ils pour les élections législatives ? Les médias belges et suisses comme Le Soir, La Tribune de Genève, RTS, ou Le Temps, pourraient dévoiler des résultats avant l'heure encore ce dimanche 12 juin...

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[Mis à jour le 12 juin à 17h50] Aucune certitude. Si pour l'élection présidentielle et la victoire d'Emmanuel Macron les médias belges et suisses, qui ne sont pas soumis aux mêmes règles que le médias français, avaient multiplié les estimations, sondages et autres fuites tout au long des deux tours de vote, le dispositif qu'ils mettront en place ce dimanche 12 juin 2022, pour le premier tour des législatives, est encore incertain. Le Soir, La Tribune de Genève, RTS, Le Temps, mais aussi la RTBF ou La Libre Belgique... Ils sont en tout cas nombreux à jouer chaque année avec les nerfs de la Commission des sondages et des patrons de médias français, le plus souvent impuissants.

Des fuites sur Le Soir ou La Tribune de Genève lors des précédentes élections

Ces dernières années, les médias belges et helvètes se sont fait une spécialité de s'échanger et de partager avec la terre entière les résultats des élections françaises en avant-première. Lors du premier comme lors du second tour de la précédente présidentielle, le 23 avril et le 7 mai 2017, La Tribune de Genève reprenait très tôt les infos de la RTBF, continuant ensuite dans son "live", sur son site, à feuilletonner le résultat de l'élection, au nez et à la barbe des médias de l'Hexagone, tenus au silence par la loi.

Courroucée, la commission qui régit les règles en France, publie chaque année un communiqué dans lequel elle rappelle avoir eu l'assurance des 8 principaux instituts français (BVA, Elabe, Harris interactive, Kantar-TNS-Sofres, IFOP, Ipsos, Odoxa, OpinionWay) qu'aucun d'entre eux ne diffuse d'étude le jour de scrutin. Dès lors, elle qualifie dans ses communiqués de "rumeurs" les sondages diffusés par des médias pourtant reconnus. OpinionWay s'était senti aussi obligé il y a 5 ans d'indiquer sur Twitter qu'il n'avait publié "aucune donnée" sur le scrutin... Reste que bien souvent, les estimations dévoilées par les sites suisses et belges se vérifient à la fin de la journée d'élection.

En 2012, la Commission des sondages avait même saisi le Parquet de Paris après le premier tour de la présidentielle afin qu'il ouvre des enquêtes. Deux médias belges étaient dans le collimateur de la justice française ainsi qu'un média suisse, un site internet basé en Nouvelle-Zélande et un journaliste belge qui aurait envoyé les estimations sur Twitter. L'AFP était aussi visée pour avoir transmis des chiffres à ses clients à l'international. La Commission se contentait de mentionner dans un communiqué "l'AFP, la RTBF" et "plusieurs sites internet dont certains créés pour contourner la loi française". Tous encouraient entre 75 000 et 375 000 euros d'amende, mais ils ont invoqué une directive européenne sur le commerce électronique qui indique qu'un site internet n'est soumis qu'à la législation de son pays d'établissement.

Quels résultats donnés lors de la présidentielle ?

Lors du premier comme du second tour il y a deux mois à peine, Le Soir avait promis de diffuser des chiffres "quand l'information sera recoupée, fiable et sérieuse". Il s'était exécuté en publiant des résultats anticipés dès l'après-midi, dans plusieurs territoires d'outre-mer : la Guyane, la Martinique mais aussi la Guadeloupe, qui votent à chaque élection - et les élections législatives ne font pas exception - environ 24 heures avant la métropole. Le vénérable quotidien belge était tout de même resté mesuré sur les estimations nationales, revendiquant même la prudence : "Il ne s'agit pas pour Le Soir d'être le premier à tout prix, mais d'être pertinent en tenant compte du fait que l'écart entre les candidats pourrait être serré et que les bureaux de vote fermeront à 19 heures (ou 20 heures dans les grandes villes)", pouvait-on lire.

En Suisse, Le Temps s'était lui aussi montré assez frileux lors de la dernière élection, comme la RTS, la Radio-télévision suisse. Mais La Tribune de Genève avait en revanche contribué à relayer les chiffres circulant dès la mi-journée, notamment lors du premier tour. Des informations dans son live sur son site Internet mais aussi sur ses réseaux sociaux qui avaient notamment pu donner Emmanuel Macron "largement en tête, à 31,9% contre 22,4% pour Marine Le Pen et 20% pour Jean-Luc Mélenchon". Mais aussi d'autres parfois plus farfelues et reprises de de ses confrères belges, notamment de la Libre Belgique. Parmi elles, une estimation qui donnait Emmanuel Macron et Marine Le Pen "au coude-à coude" (lire ici)... 

Car c'est finalement la Libre Belgique et, dans une moindre mesure la Radio-télévision belge francophone (RTBF) qui avaient sans doute émis le plus de données sur le scrutin avant les 20 heures légales à Paris. Une avalanche de chiffres pas toujours justes et jamais sourcés. De quoi jeter la suspicion si ces derniers rééditent ce genre de publication ce dimanche, pour les élections législatives. Un scrutin de l'avis de tous les sondeurs bien plus difficile à saisir et à anticiper qu'une présidentielle.

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