Une cohabitation imposée à Macron ? Que peut faire le président avec un Premier ministre d'opposition ?
Le scénario de la cohabitation est une hypothèse après les résultats de ce soir, mais le futur Premier ministre n'est peut-être pas celui que l'on croit.
La possibilité de voir Gabriel Attal céder les clés de Matignon à Jordan Bardella semble très probable. Si la poussée du Rassemblement national se confirment ce soir, et que le parti d'extrême droite parvient à obtenir une majorité absolue à l'Assemblée, un Premier ministre du RN peut s'imposer au sommet de l'Etat.
La chose n'est pas faite et dans les coulisses de l'Elysée, le président de la République envisage tous les scénarios. Pour lui, le "moins pire" est certainement celui d'un pouvoir partagé avec la gauche et LR (canal historique). Selon les projections, du fait des désistements massifs occasionnés par les très nombreuses triangulaires, l'ex-majorité présidentielle, le Nouveau Front populaire et les LR peuvent réussir à faire barrage au Rassemblement national en comptant à eux trois et les divers indépendants, plus de députés que l'extrême droite.
Si Jordan Bardella ne parvient pas à obtenir la majorité absolue, il l'a dit, il n'ira pas à Matignon. Avec une majorité relative pour le RN, Emmanuel Macron peut décider d'un gouvernement partagé avec les partis du front républicain qui exclurait les membres du RN. Un choix qui peut permettre au président de redonner du souffle à la macronie mais surtout, de ne pas voir son poids politique complètement effacé.
Le président a surtout la possibilité de former un gouvernement technique, sans appui politique, qu'il composera alors d'économistes, de hauts-fonctionnaires, ou de diplomates, mais ce schéma serait une première dans la Ve République. Ce qui est certain pour l'ensemble de la classe politique, c'est que dès ce soir se dessinera le nouveau visage de l'Assemblée nationale.
Une entente cordiale ou un désaccord profond
Car en cas de cohabitation, le Premier ministre désigne le nouveau gouvernement qu'il charge de déterminer et de conduire la politique du pays. En situation de désaccord avec celui-ci, le chef de l'Etat n'a plus son mot à dire sur ce type de décision. Il devient un arbitre en charge d'un équilibre. Il peut refuser de signer les décrets et les ordonnances en Conseil des ministres mais le gouvernement à la possibilité de passer par le vote de l'Assemblée. Il retrouve ainsi la place que lui donne, en théorie, la constitution. Il dirige le pays et reste le chef des armées et conserve ses pouvoirs propres :
- Nomination du Premier ministre
- Organisation de référendum sur proposition du Parlement français
- Dissolution de l'Assemblée nationale
- Recours à l'article 16 de la Constitution "lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la Nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacés d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics est interrompu." Le président peut prendre des mesures relevant normalement de la compétence du Parlement et exercer le pouvoir réglementaire sans solliciter de contreseing ministériel.
- Nomination de trois des neuf membres du Conseil constitutionnel, dont son président.
- Droit de saisir le Conseil constitutionnel.
- Signature des ordonnances de l'article 38 et des décrets délibérés en Conseil des ministres. Le président de la République détient un pouvoir réglementaire d'attribution par opposition au pouvoir réglementaire de droit commun attribué au Premier ministre.
Pour Emmanuel Macron, une majorité absolue du RN est un risque de voir les réformes mises en place, abrogées, et celles encore en discussion le 9 juin, abandonnées. À l'inverse avec une majorité relative, et un accord avec les autres partis, des adaptations sur ces lois peuvent être réalisées.