Thierry Mariani : qui est ce candidat du RN qualifié d'"agent russe" par ses adversaires ?

Thierry Mariani : qui est ce candidat du RN qualifié d'"agent russe" par ses adversaires ? Ancien ministre de Fillon, Thierry Mariani est 9e sur la liste du Rassemblement national aux européennes. Qui est cet élu inscrit sur une "liste noire" du Parlement européen ?

Thierry Mariani est sans doute l'un des candidats les plus controversés du Rassemblement national dans ces élections européennes. Ancien chiraquien, il a siégé dans les rangs de la droite (RPR, UMP et LR) jusqu'à 2019. Déjà, ses nombreux voyages à l'étranger, notamment en Crimée annexée, mais aussi en Syrie, lui valaient d'être soupçonné de faire du lobbying pour des puissances étrangères. Favorable à un rapprochement avec Marine Le Pen, il a finalement rejoint le RN lors des précédentes élections européennes.

Eurodéputé depuis 2019, il a été inscrit en 2021 sur une "liste noire" du Parlement européen, soupçonné de s'être vu offrir des voyages luxueux en Crimée et au Kazakhstan en échange de la rédaction de rapports favorables auprès de l'UE. Il a donc interdiction de participer à des missions d'observation à l'étranger jusqu'à la fin de son premier mandat. Il fait également l'objet de deux enquêtes préliminaires de l'Office central de lutte contre la corruption.

Ses rapports ambigus avec des puissances étrangères, notamment la Russie, lui ont d'ailleurs valu d'être la cible privilégiée de ses adversaires dans la campagne des européennes 2024 : lors du premier débat organisé par Public Sénat le 14 mars, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann l'a surnommé "le petit télégraphiste du Kremlin", tandis que l'écologiste Marie Toussaint le qualifiait d'"agent" russe.

Ancien ministre de François Fillon

Thierry Mariani est entré en politique à l'âge de 18 ans, en rejoignant le RPR dès sa fondation par Jacques Chirac. Implanté dans le Vaucluse, il a été maire de Valréas. Il a siégé comme député de 2002 à 2010 puis de 2012 à 2017. En 2010, il fonde avec Jean-Paul Garraud La Droite populaire, un courant conservateur interne à l'UMP. Il est nommé secrétaire d'Etat puis ministre des Transports dans le troisième gouvernement de François Fillon. Il appelle plusieurs fois à un rapprochement de la droite avec le Rassemblement national de Marine Le Pen. Cette dernière l'invite également à plusieurs reprises à rejoindre ses rangs.

C'est en 2019 que Thierry Mariani franchit le pas, en quittant LR pour se présenter sur la liste de Jordan Bardella aux européennes. Elu au Parlement européen, il est inscrit deux ans plus tard sur une "liste noire", avec cinq autres députés, en raison de soupçons de lobbying pour le compte de puissances étrangères. La même année, l'Office central de lutte contre la corruption ouvre deux enquête à son sujet, l'une pour corruption et trafic d'influence, l'autre pour abus de confiance et blanchiment.

Cela ne l'empêche pas d'être désigné tête de liste du Rassemblement national aux élections régionales de 2021 en Provence-Alpes-Côte d'Azur. En tête au premier tour, il est finalement battu par Renaud Muselier. Lors de la campagne présidentielle de 2022, il participe à l'élaboration du programme international de Marine Le Pen. En mai 2023, il annonce son intention de se présenter aux élections municipales 2026 à Paris. 

Soutien à la Russie, à Bachar el-Assad... des prises de position polémiques

Au cours de son parcours politique, Thierry Mariani s'est notamment illustré par ses engagements pour la reconnaissance des souffrances des pieds noirs d'Algérie, contre le Pacs ou encore pour la déchéance de nationalité de certains criminels. Il s'est abstenu sur le pacte budgétaire européen en 2012. Il a voté la ratification du traité de Lisbonne en 2005. 

Ses relations avec le pouvoir russe sont au coeur des controverses. Il est notamment le coprésident de l'association "Dialogue franco-russe", par l'intermédiaire de laquelle il a effectué plusieurs voyages en Crimée et dans le Donbass aux fris de la Russie. Il a ouvertement soutenu l'invasion de la Crimée en 2014 et dénoncé les sanctions prises contre la Russie. Il a été membre du comité d'éthique de la chaîne russe RT France à son lancement en 2017. En février 2022, il a jugé "regrettable" l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe. 

Thierry Mariani s'est également rendu à plusieurs reprises en Syrie entre 2015 et 2017, où il y a rencontré Bachar el-Assad. En 2017, son intervention au Parlement européen appelant à aider Bachar el-Assad à "extermin[er] les rebelles syriens" à Alep lui a valu un rappel au règlement. Il s'est également fait remarquer pour son soutien à l'Azerbaïdjan et au rattachement de la région du Haut-Karabakh, enjeu d'un conflit avec l'Arménie.

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