Européennes 2024 : ce discours qui pourrait vraiment énerver Macron…et pas que
Un candidat aux Européennes a grillé la priorité à Emmanuel Macron qui doit entrer en campagne et redonner du souffle à son camp ce jeudi 25 avril, avec un discours prononcé depuis la Sorbonne.
"Ce sera le discours de Strasbourg contre le discours de la Sorbonne". Le ton est donné par un membre de l'équipe de campagne du candidat de Place publique et du Parti socialiste auprès de Politico. Alors qu'Emmanuel Macron a prévu de prononcer un discours sur l'Europe le jeudi 25 avril depuis la Sorbonne, Raphaël Glucksmann va griller la priorité au chef de l'Etat. L'eurodéputé à la tête de la liste socialiste doit s'exprimer le mercredi 24 avril, à 19h30, à Strasbourg lors d'un meeting politique.
La prise de parole de Raphaël Glucksmann est prévue de longue date, mais elle a pris une tout autre tournure lorsqu'Emmanuel Macron a décidé de fixer la date de son deuxième discours de la Sorbonne – il avait déjà opté pour cette stratégie lors des Européennes de 2019 – au lendemain de celui du candidat. De simple discours de campagne, le rendez-vous donné par le candidat Place publique – Parti socialiste est devenu l'occasion de présenter "sa doctrine sur l'Europe". Le clin d'œil au discours du Président sur la "perspective de l'agenda stratégique de l'Union européenne" est évident. Raphaël Glucksmann mise donc sur la comparaison directe entre les deux discours et espère sortir vainqueur du duel. Car, c'est bien à un duel que ressemble cette succession de discours, même si l'Elysée assure qu'Emmanuel Macron s'exprimera en tant que chef de l'Etat et ne donnera pas un meeting politique. Dans les faits, ce discours de la Sorbonne 2 doit aussi être le moyen de relancer la campagne de la candidate de la majorité et est perçu comme l'entrée officielle du chef de l'Etat en campagne...
Un même électorat dans le viseur
Raphaël Glucksmann qui a reconnu auprès de Politico avoir "beaucoup aimé" le discours de la Sorbonne tenu par Emmanuel Macron le 26 septembre 2017, veut cette fois être le rempart contre ce qu'il semble considérer comme une imposture. Selon lui, le chef de l'Etat a eu "des mots pro-européens mais n'a pas eu de politiques pro-européennes" durant les cinq dernières années. Le candidat de la première liste de gauche – selon les résultats des sondages – veut donc s'imposer comme le candidat le plus pro-européen des deux, voire de tous. Et en faisant cela, il espère attirer à lui l'électorat du centre-gauche qui s'est tourné vers le macronisme, mais qui, comme lui, a été déçu.
Pour la liste de Raphaël Glucksmann comme pour celle du camp d'Emmanuel Macron, portée par Valérie Hayer, chaque voix compte. D'autant que l'une et l'autre se battent pour la seconde place dans les enquêtes d'opinion. La liste de gauche est donnée à cinq points de celle de la majorité en moyenne, mais elle s'est retrouvée à seulement deux points d'écart dans le scénario le plus optimiste. Conscient de la manœuvre annoncée par Raphaël Glucksmann, Emmanuel Macron pourrait toutefois préparer sa riposte et glisser quelques mots à l'égard à son adversaire.
Un discours pro-Europe et pro-écologie
Le discours de Strasbourg doit permettre à Raphaël Glucksmann de présenter son projet "Europe 2030" et la politique pro-européenne pensée par le camp socialiste. Tout un programme bâti sur trois axes majeurs : l'écologie, la défense et la solidarité. Si la tête de liste veut prouver qu'Emmanuel Macron n'a pas le monopole de l'Europe, il souhaite en profiter pour rappeler que l'écologie n'est pas l'apanage des Verts. Une ligne qui inquiète dans le camp de Marie Toussaint qui peine à s'imposer dans les sondages et se trouve être la troisième liste de gauche, créditée de 5,5% à 8% d'intentions de vote, derrière Raphaël Glucksmann et Manon Aubry.
Seul candidat de gauche à dépasser la barre des 10% dans les résultats de sondage, Raphaël Glucksmann peut-il devenir le "vote utile" des électeurs de gauche ? C'est une hypothèse redoutée par certains écologistes comme l'a indiqué une députée écologiste auprès de franceinfo. Pour la tête de liste toutes les voix sont bonnes à prendre. Et alors que ses concurrents de gauche ne sont pas avares de critiques à son sujet, l'homme pourrait ne pas avoir de scrupules à s'emparer d'une partie de leur électorat.